Célébrer la vie, suite à une opération chirurgicale

Ce mardi 9 août, je vais célébrer un anniversaire : trois mois se seront passés depuis mon opération d’un anévrisme de l’aorte abdominale. Beaucoup me diront que c’est peu, que je devrais attendre un an, mais où (en) serai-je à ce moment-là ? Et ils ajouteront peut-être qu’une telle opération est devenue banale, que l’on s’en sort très bien, et qu’il n’y pas de quoi en faire tout un foin ! Et puis il y a tant de maladies, de situations bien plus graves autour de chacun de nous.

Vu de l’extérieur, ils ont largement raison, et je me réjouis que d’autres que moi profitent des progrès de la chirurgie en ce domaine ou en d’autres, et se sortent de ces mauvais pas. Je rappelle néanmoins que cette « dérive » aortique ne présente aucun symptôme, qu’elle n’est presque toujours détectée que par hasard (ou par l’effet de la Providence), qu’elle tue encore beaucoup de gens lorsqu’il y a rupture. On peut parler à son sujet, et beaucoup l’ont fait devant moi, d’une « épée de Damoclès ».

Célébrer la vie qui revient
Célébrer la vie qui renaît

Pour celui qui, comme moi, a la chance de pouvoir être opéré, et je parle bien de chance car l’opération est lourde et ne peut être proposée à tous, et de se relever en assez bonne forme au bout de trois mois, l’impression reste, ineffaçable, d’avoir côtoyé la mort d’assez près, et d’en sentir encore le froid. Du coup, comment ne pas accueillir une pressante invitation à célébrer la vie ?

Pour le chrétien que je suis, cela voudra dire en particulier rendre grâce à Dieu. Mais aussi, en tout cas c’est comme cela que je le ressens, lui demander quelle a été son intention en m’offrant des jours, des mois ou peut-être des années de répit, à moins bien sûr que d’autres difficultés de santé ne viennent arrêter le processus. Un répit, sans doute, mais pourquoi ? Je pense que beaucoup de mes contemporains, confrontés à des aléas du même type, doivent se poser cette question. Je n’ai pas de réponse, laquelle ne se trouvera, si elle se trouve, qu’au fil des jours, des rencontres, des projets à venir.

Je vais me contenter de reprendre un poème de Patrice de la Tour du Pin, un texte que j’aime beaucoup, qui dit le sens de toute vie humaine, l’importance de la célébrer, et qui est repris comme hymne dans certains offices liturgiques :

Ô Père des siècles du monde,
Voici le dernier-né des jours qui monte
À travers nous à la rencontre
Du Premier-né de ton Amour. (…)

Par lui tout demeure en genèse,
Nos jours dans leur vieillissement se dressent
À leur éveil vers sa jeunesse
Car il se lève à l’Orient.

Une réponse à “Célébrer la vie, suite à une opération chirurgicale”

  1. Merci, frère Hervé, pour ce partage de votre expérience chirurgicale récente et celui de la très belle prière-hymne solaire du Poète ! Peut-être n’aurez-vous pas la réponse à ce « répit », mais ce qui est sûr, c’est que ce partage de la souffrance vécue pourra apaiser d’autres souffrances, au moins le temps de vous lire, et de lire Patrice de la Tour du Pin ! Bien à vous ! Philippe.

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