Une résurrection qui en cache une autre

Evangile du jour : résurrection à Naïm. Luc 7,11-17.

résurrection du fils de la veuve de Naïm
Résurrection du fils de la veuve de Näim par Jean-Baptiste Wicar

Frères et sœurs, encore qu’aucune résurrection ne soit banale, l’évangile de la résurrection du fils de la veuve de Naïm est souvent lu de manière presque banale comme un haut fait de Jésus, montrant qu’il a pouvoir sur la mort. En le présentant ainsi, on néglige plusieurs faits troublants, que relèvent pourtant bien des commentateurs :

• Ce récit n’est proposé que par Luc, et la ville de Naïm n’est mentionnée qu’ici dans l’Ecriture.
• Jésus guérit le fils de cette veuve, dont on ne sait d’ailleurs même pas le nom, pas plus que celui du fils en question : comme si le récit avait une large valeur symbolique.
• La veuve en question n’a rien demandé à Jésus, n’a pas manifesté sa foi, tout est à l’initiative de Jésus lui-même.
• Quand Jésus voit cette veuve éplorée, l’évangéliste ne l’appelle plus Jésus, mais le Seigneur.
• Enfin, Luc nous dit qu’elle était non seulement veuve, comme on le souligne habituellement pour marquer la difficulté de sa vie à venir, mais qu’elle n’avait que ce seul fils. Qui finalement lui est rendu en vie.

Pourquoi toutes ces remarques ? Eh ! bien je me suis demandé si Luc ne nous présentait pas ici comme une anticipation imparfaite, incomplète certes, mais significative de sa propre résurrection à venir. Vous me direz que si la tradition chrétienne tient que Jésus fut le fils unique de Marie, le Monogène comme dit le texte, elle ne tient pas nécessairement que Marie fut veuve. Mais nombreux sont les commentateurs à avoir noté que si Marie reste présente au-delà des premières années de la vie de Jésus, Joseph en est absent : en particulier au pied de la croix, ce qui conduit Jésus à confier sa mère à l’apôtre Jean.

Certains d’entre vous trouveront peut-être cette interprétation de notre évangile en rapport avec la mort et la résurrection de Jésus « tirée par les cheveux ». Elle n’est de fait pas du tout développée chez les commentateurs. Tout « ne colle pas », c’est vrai, mais la singularité et certains éléments du récit la suggèrent, et j’y vois pour ma part l’un des intérêts de l’événement rapporté par le seul Luc. Il aurait eu lieu au début de la vie publique de Jésus, comme une anticipation prophétique.

Et puis, j’en aime la finale, le fait que Jésus rende le jeune homme à sa mère, ce qui me laisse entendre, dans l’interprétation que je propose, que Marie représente un bonne médiation pour venir à Jésus.

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