L’optimisme n’est-il pas aujourd’hui une folie ?

La première question à laquelle il faut répondre est la suivante : que doit-on entendre par optimisme ? Il est clair qu’il ne s’agit en aucun cas de gentilles pensées du genre « après la pluie, le beau temps » ou bien encore « demain est un autre jour ». L’optimisme auquel je pense est d’un autre ordre : il est une conviction qui permet de dépasser le présent et ses infortunes au nom d’une attente supérieure et généreuse.

A lire ou entendre l’actualité de notre temps, rien ne semble devoir favoriser un tel optimisme. Même dans les régions du monde que l’on a longtemps considérées comme les plus favorisées, et l’Europe est sans doute du nombre, la dégringolade se fait sentir douloureusement. Avec la guerre en Ukraine bien sûr, mais aussi en vrac avec les désillusions qu’engendrent le changement climatique, la pandémie de Covid, les restrictions financières (car elles sont loin les « Trente Glorieuses »), les violences urbaines, les solitudes rurales, citadines ou « épahdiques », les débordements bioéthiques etc. Le résultat est clair : le repliement sur soi, le morcellement sociétal, la peur s’installent. Ils font le lit de formes étroites de nationalismes, en particulier ceux que l’on appelle maintenant « les populismes ».

Indifférence

Dans un tel contexte, je ne suis pas étonné que le suicide désespéré reste, sans qu’il soit besoin de l’assister, le type de mort le plus fréquent chez les jeunes de 15-24 ans en France. Je ne suis pas surpris non plus de voir se multiplier les formes d’étourdissement, dont le bruit ou l’encagement « smartphonique » sont des exemples « criants ». Ce sont à mes yeux des manières, heureusement non létales, de « se mettre la tête dans le sable » (ou dans les écouteurs) et de laisser se développer le « monde de l’indifférence », dont le pape François a parlé à plusieurs reprises. Peut-on proposer d’autres réponses, susceptibles de redonner du sens, et de l’optimisme, à nos vies humaines ?

La réponse se trouve certainement dans « l’engagement des cœurs ». Sous cette expression, je range les diverses formes de solidarité et le développement du discernement, tout ce qui permet de voir et construire un monde autre. Rien qui soit ici réservé aux seuls chrétiens, mais pour eux, la foi, l’espérance et la charité sont une aide considérable et forgent un optimisme qui n’a rien de déraisonnable :

– La foi parce qu’elle relie étroitement à Jésus qui, après avoir vaincu la mort, offre aux croyants le bénéfice de son Esprit, ce qui est essentiel pour le discernement.
– La charité parce que, forte de cet Esprit, elle permet d’inventer les moyens de la communion avec les proches.
– L’espérance parce qu’elle rappelle sans cesse la finalité du chemin que nos vies sont invités à prendre et leur donne sens.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.