Lectures : 1 Jn 2, 3-11 et Lc 2,22-35
Chers amis, plusieurs d’entre vous sans doute connaissent le « Nunc Dimittis », que les communautés religieuses chantent le soir aux Complies, et que je viens de vous lire. Du coup, vous et moi nous pensons connaître Syméon qui l’a prononcé. Mais est-ce vraiment le cas ?
Qui est donc ce Syméon qui entre en scène et reçoit l’enfant dans ses bras ? Pourquoi lui ? A quel titre intervient-il ? Suffit-il qu’il soit juste et pieux, n’était-ce pas le cas d’autres personnes présentes dans le temple au même moment ? A vrai dire, les informations manquent et il est très difficile de répondre à ces questions. Peut-être Syméon était-il un personnage connu dans le Temple, où il remplissait un service, mais rien ne permet de l’assurer. Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il était connu du Seigneur lui-même qui le guide par son Esprit. Pour une rencontre symbolique sur laquelle l’évangéliste Luc cherche à mettre l’accent.
Syméon, le vieillard, proche de la mort, pieux représentant du monde juif traditionnel présent au temple, accueille un enfant, Jésus, tout juste né, qui est à l’origine d’un monde nouveau. A l’exemple de ce que fut déjà la rencontre de Jean-Baptiste et de Jésus lors de la Visitation, il s’agit donc d’une transmission de témoin, comme dans un relais : de l’Ancien Testament au Nouveau. Ce qui est transmis, c’est la lumière, celle qui gît au cœur de la première révélation, et s’affirme pleinement dans la deuxième. Mais d’une lumière très tamisée par l’annonce faite à Marie d’un glaive qui lui transpercera l’âme.
Luc a inscrit cette rencontre dans le cadre des relevailles de Marie, mentionnées au début de l’évangile : il s’agit d’une forme de purification et de réintégration de la mère dans la communauté croyante. Une célébration habituellement simple et joyeuse, et qui n’est souvent constituée que d’une simple bénédiction. On ne saurait donc s’étonner que Luc ne le signale qu’en passant, mais on peut se demander si, sur ce fond de paix et de joie, l’évangéliste n’a pas voulu la finale pour rappeler que, dans le cadre d’une vie chrétienne, et pour Marie en particulier qui représente l’Eglise, joie et peine, vie et mort ont et auront toujours partie liée.
Sans doute est-il bon de nous rappeler, en ce joyeux temps de Noël, que le salut chrétien passe toujours par la croix.