Frères et sœurs, en méditant ces jours derniers devant notre crèche, je me suis dit que Jésus y était vraiment petit par rapport à Marie et Joseph. L’échelle est peut-être respectée, mais ce qui m’interrogeait était cette petitesse par rapport à la grandeur annoncée du Sauveur de notre monde. A Marie, n’avait-il pas été dit : « Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père ; il régnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n’aura pas de fin ». Que devait-elle penser ?
Certes, les scientifiques disent volontiers aujourd’hui que l’infiniment grand se trouve dans l’infiniment petit, mais à l’époque, on n’en était pas là. Et l’on ne concevait pas la vie humaine de cette manière. Reconnaissons-le, il faut une grande foi pour comprendre a priori et accueillir le fait que, dans cet infiniment petit qu’est Jésus à sa naissance, se cache un infiniment grand. Marie avait cette foi, tout comme Joseph à ses côtés, ou Jean-Baptiste dans l’évangile que nous venons d’entendre, puis les bergers et les Mages. Ce renversement indispensable fut et reste, je crois, la marque du christianisme, celle qui doit continuer de vivre en nous.
En effet, imaginez un instant, frères et sœurs, que Jésus ne soit pas né de la sorte, qu’il soit venu sur terre au sein d’une cour royale, entouré de courtisans, en grand monarque qu’il était. Le monde ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui : les pauvres, les fragiles, les faibles seraient depuis vingt et un siècles, écartés, massacrés, oubliés, comme ils le sont encore par ceux qui ne veulent pas reconnaître que les derniers sont les premiers.
Frères et sœurs, il n’est de société vraiment humaine et divine que celle qui fait grand cas de chacun, quels que soient son milieu, sa race, son origine, sa couleur de peau ! J’ai le sentiment qu’une société qui présente de tels traits le doit à ce renversement opéré par le christianisme et vécu en la naissance même de Jésus. Même si, hélas ! tant et tant de chrétiens autoproclamés l’ont oublié au cours de l’histoire, retournant à des considérations purement humaines, privilégiant la force et la puissance.
Frères et sœurs, puisse cette année 2023 nous rappeler sans cesse que l’infiniment grand se loge dans l’infiniment petit, ce que Jésus résume dans son propos à l’apôtre Paul : « ma force se déploie dans la faiblesse ».