Ce jeudi 27 avril, la première lecture de la messe (Ac 8,26-40) rapporte le baptême d’un éthiopien, haut fonctionnaire de la reine Candace, qui, rentrant chez lui, fait la rencontre de Philippe. L’Ethiopien revient de Jérusalem où il est allé « adorer » et, au moment de la rencontre, il est en train de livre le livre d’Isaïe. Envoyé par l’Esprit, Philippe aborde l’Ethiopien, lui propose une catéchèse a priori plutôt rapide à partir du livre du prophète Isaïe, et, sur la demande de l’Ethiopien, le baptise. Le moins que l’on puisse dire est que l’affaire est rondement et promptement menée, par un laïc qui baptise un autre laïc. A la suite de quoi, Philippe disparaît emporté par l’Esprit et l’Ethiopien continue sa route.
Nous sommes très loin de l’usage actuel dans l’église catholique, maintenant très normé : le demandeur doit entrer en contact avec un prêtre et/ou une communauté, adresser sa demande à un prêtre, rejoindre un groupe, suivre une longue catéchèse qui peut durer jusqu’à deux ans, trouver un parrain et une marraine, ou au moins l’un des deux, être inscrit sur un registre spécifique qui permettra de garder la trace du baptême etc.. Et le prêtre, sauf urgence, est le seul qualifié pour administrer le baptême… d’autant plus qu’il a la garde des registres.
A priori, l’Ethiopien ne satisfait pas aux conditions actuelles, et certains ne manqueront pas de penser ou de dire qu’il a eu bien de la chance. Encore que… Il est tout à fait probable qu’il soit un craignant-Dieu, un de ces païens proches de la tradition juive. Lui, un païen, n’est-il pas monté à Jérusalem pour adorer, ne lit-il pas l’Ecriture dont il cherche l’interprétation, n’est-il pas enseigné par Philippe ? Il n’est donc pas le premier venu, et pas seulement du fait de sa condition sociale. Et notons encore que, si Philippe le rencontre, c’est à la demande de l’Esprit.
Les modalités sont donc différentes, mais les exigences ne sont pas si lointaines par rapport à celles d’aujourd’hui. Exigences dont il est facile de comprendre qu’elles soient maintenant plus marquées : si chacun est libre de baptiser, qui vérifiera la qualité de la catéchèse ? Qui assurera que le baptême a bien été administré avec l’intention de faire ce que fait l’Eglise ? Qui prouvera que l’impétrant ne se présente pas pour la deuxième ou troisième fois ? Où seront mentionnées et nécessairement centralisées les actes ? D’où l’on ajoutera volontiers que les exigences proposées aujourd’hui permettent finalement de tester la force de la demande du candidat.
Il est vrai, les temps ont bien changé, et les évolutions peuvent donc apparaître nécessaires et incontournables. Est-il interdit néanmoins de s’interroger ? Par exemple lorsque, du fait des exigences administratives autant ou plus que spirituelles, d’un manque de disponibilité dans l’accompagnement de la demande, de l’éventuelle raideur du célébrant, le chemin catéchuménal tient du chemin de croix et rebute le candidat. Sans qu’il faille nécessairement voir chez lui un manque de motivation.
Pour cette question du baptême, comme pour celle d’autres sacrements, et plus généralement des dons de Dieu, il importe de rappeler que ce sont précisément des dons, qu’ils sont absolument gratuits. Il est donc du ressort des disciples de Jésus de les réguler, mais ils doivent se garder de les quantifier et, plus encore, de se les approprier. Prudence oui, mais avec la plus grande ouverture d’esprit et la plus grande générosité.