Ce 4 mars 2024, une très grande majorité de députés ont voté l’inscription de l’IVG dans la Constitution française, et un nombre bien plus grand encore de Françaises et de Français ont sauté de joie ! Pas moi ! Je suis de ceux dont « la honte couvre le visage » (Psaume 69,8)
Oh ! je suis très vivement conscient de la détresse très profonde que peut faire naître chez des femmes une grossesse non désirée. Mais je suis tout aussi conscient de la douleur et, aussi caché qu’il soit, du remord durable que fait naître le rejet d’une vie. Car il s’agit bien d’une vie, portant d’emblée en elle tout le potentiel d’un être humain. D’une vie qui pourrait être accueillie par différents secours plutôt que d’être écartée, si l’on voulait s’en donner les moyens.
Mettre fin à une vie fragile, qu’elle soit naissante ou finissante, puisque le sujet de l’euthanasie en fin de vie est largement du même ordre, génère en moi de la honte. C’est si facile aujourd’hui de mettre fin à une vie, et cela paraît si peu de choses au regard de ce qui se fait de tant et tant de manières, par exemple dans les guerres, proches ou lointaines. C’est vrai, c’est triste, nous ne réagissons plus, je vis cela comme une forme d’anesthésie, et surtout je ne crois pas que notre humanité s’en trouve grandie.
Il y a deux ans environ, j’ai subi une opération qui, parce qu’elle a eu lieu en urgence, a permis d’écarter une forme possible de mort. En d’autres temps, pas si lointains, je serais peut-être déjà passé dans l’autre monde. Mais la médecine a progressé, et je suis encore là. Cette expérience a renforcé ma manière de percevoir la vie humaine, terrestre, comme une grâce et une chance, avec son lot de peines, mais aussi de joies.
A tel point que je regretterais aujourd’hui de la quitter trop vite, et de ne pas en partager la force et la grandeur avec tous ceux qui n’en ont pas souci ou n’en connaissent que le côté douloureux. Il y a beaucoup à faire ! Sans aucune vanité, je me sens très en phase avec les propos de Paul au début de sa lettre aux Philippiens :
« Pour moi, certes, la Vie c’est le Christ, et mourir représente un gain. Cependant, si la vie dans cette chair doit me permettre encore un fructueux travail, j’hésite à faire un choix… Je me sens pris dans cette alternative: d’une part, j’ai le désir de m’en aller et d’être avec le Christ, ce qui serait, et de beaucoup, bien préférable ; mais de l’autre, demeurer dans la chair est plus urgent pour votre bien. Au fait, ceci me persuade : je sais que je vais rester et demeurer près de vous tous pour votre avancement et la joie de votre foi. » (1,21-25)
Merci beaucoup Hervé pour ce post : bien dit et bien argumenté .
Pour nous , medecins ,ces lois sur IVG et euthanasie sont une vraie honte .
Et comme le dit St Paul , tant que nous pouvons servir ,( Cameroun,
Lourdes) malgré la santé fragile , c’est notre joie !
Merci pour votre dévouement au service des malades