« Je suis la vigne et vous êtes les sarments ». En prononçant cette parole devant ses disciples, Jésus s’appuie sur une réalité que chacun connaît, à l’époque comme aujourd’hui, celle des champs de vigne. Mais il lui donne une dimension symbolique qui va lui servir à exprimer le rapport qu’il entretient avec ses disciples et son père.
Le vigneron, un singulier, ne peut être autre que Dieu lui-même. Il est celui qui veille attentivement sur sa vigne afin de lui faire porter du fruit en abondance. Mais il est aussi, nécessairement celui qui est à l’origine de la vigne comme des sarments. Il est la vie, ce que notre évangile suggère en lui donnant, comme le fait Jésus habituellement, le titre de père.
De son côté, Jésus se revendique comme la vigne, un qualificatif qui, à son époque, s’adressait plutôt à Israël (Psaume 80 ; Isaïe 5). Lui aussi est unique. Il a deux caractéristiques : celle d’être soumis à l’unique vigneron, qui veille sur sa vigne, mais aussi celle de porter les sarments et ultérieurement leurs fruits, en leur transmettant la sève, comprenons la vie.
Il n’y a rien à redire à tout cela, mais l’affaire se corse lorsque l’on considère les sarments que nous sommes et qui sont à l’évidence multiples. Plusieurs questions se posent. Si l’on fait de la foi l’unique mode de rattachement à la vigne, qu’advient-il de ceux qui ne professent pas cette foi ou la rejettent ? Sont-ils tous retranchés ? Ou encore de ceux qui n’ont jamais eu l’occasion de connaître Jésus ?
La réponse me semble se situer dans la reconnaissance que, s’il n’y a qu’une vigne, le Christ, et bien sûr un seul vigneron, son Père, il n’en reste pas moins qu’il y a plusieurs plants. Et plusieurs manières d’être rattachés à la vigne : par la foi, sans doute, mais aussi par l’espérance et la charité dans leurs diverses expressions. Tous les plants ont donc une place ou un rôle par rapport à cette unique vigne, mais on ne plante pas juste pour s’enorgueillir d’avoir planté, ou pour la beauté du plant, mais parce que l’on en attend du fruit : c’est pourquoi tous les plants sont invités à porter du fruit, et si possible en abondance. Et là, tous n’ont pas le même rapport. On retrouve ici quelque chose du rendement évoqué dans la parabole du semeur, ou encore de l’avertissement de la première lettre de Jean : « n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité » (3,18).
Mes sœurs, chers amis, remercions Dieu pour cette grâce qu’il nous donne d’avoir accès à sa vigne. Mais n’oublions jamais qu’il ne nous l’a donnée que pour la transmettre, en termes de foi, d’espérance et de charité, à ceux qui nous entourent. Et plus particulièrement à ceux qui sont loin de Jésus : il n’y a pas de plus beau fruit que celui d’une conversion à Jésus.
Prédication prononcée le dimanche 28 avril 2024 chez les moniales dominicaines de Dax. Texte : Jean 15,1-8.
Dans Wikipédia, il est écrit : le sarment représente celui qui croit et demeure attaché à Jésus-Christ, celui-ci étant le cep et les sarments sont les branches qui poussent après le cep. (Vigne, arbre à raisin).
Les adeptes de la Langue des oiseaux auront entendu et lu : « celui qui croît » du verbe croître !!!
Et si Jésus nous faisait grandir ???