Frère André Gouzes, o.p., l’homme et l’œuvre

L’annonce du décès la nuit dernière du frère André Gouzes m’est l’occasion de revenir sur un point que je déplore profondément : la mise à l’écart, en de trop nombreux lieux et par de trop nombreuses instances jusqu’au pèlerinage du Rosaire, de « sa » production liturgique. Je mets « sa » entre guillemets parce qu’on oublie trop souvent qu’il n’a été le plus souvent que le compositeur, alors que la rédaction des textes fut des mains de Jean-Philippe Revel, Daniel Bourgeois, Jean-René Bouchet et quelques autres.

La raison de cette mise à l’écart est, les lecteurs le savent sans doute, l’accusation venue d’une mère sur le viol de son enfant. Je ne sais pas plus que d’autres ce qu’il en est de la réalité des faits qui, s’ils sont avérés, sont éminemment condamnables et me révulsent. J’ai toujours pensé que, même après dix ans, vingt ans ou plus, il faut écouter les victimes et se compter parmi leurs soutiens. Et j’ai connu de ces victimes…

Sauf que rien n’a été prouvé, et il ne semble pas que d’autres cas aient été avancés. En outre, atteint de la maladie d’Alzheimer depuis 2018, le frère André Gouzes n’a jamais pu se défendre et sa mort met fin à l’action publique. Je peux seulement dire que, pour avoir assez bien connu André, avoir concélébré plusieurs fois avec lui à l’abbaye de Sylvanès, l’avoir même remplacé à l’occasion, je garde des doutes sur le cas avancé.

Il reste que je suis de ceux qui s’étonnent que ces accusations concernant l’homme rejaillissent sur l’œuvre. Je le dis et l’écris pour le frère André, comme je le pense aussi pour d’autres. A toutes fins utiles, je précise que, ces deux dernières années, j’ai donné quelques coups de main aux maisons de l’Arche de Jean Vanier à Montpellier, pour le travail remarquable qui s’y fait, tout en dénonçant avec d’autres les monstruosités de Jean Vanier et des frères dominicains Philippe.

L’œuvre liturgique d’André Gouzes a sa cohérence, sa beauté, et, du fait même des collaborations sus-évoquées, sa force symbolique et théologique. Aucun de de ces points n’est contestable ni vraiment contesté. L’oeuvre est indemne, même si l’auteur ne l’est peut-être pas.

Comment peut-on donc la mettre au banc et s’en priver ? Heureusement, il me semble que la plupart des communautés dominicaines et bien des paroisses ou lieux d’Eglise ne le font pas. J’espère que les temps à venir feront justice, aussi bien pour l’éventuelle victime que pour le frère André lui-même.

 

2 commentaires à propos de “Frère André Gouzes, o.p., l’homme et l’œuvre”

  1. Oh comme je suis d’accord avec vous cher frère, et comme je regrette combien sa liturgie était belle et que l’on a mis aux oubliettes… elle me manque toujours… croyez que je prierai pour lui demain chez vos frères toulousains, Notre Dame du Rosaire, à midi, je sais que notre jeune prieur ainsi que Hugues François, le frère Jacques Ambec seront à Sylvanes. Union de prières. Une paroissienne fidèle à la messe quotidienne de midi.

  2. Merci, cher frère, pour votre billet auquel je souscris pleinement ; il est en effet aberrant de ne plus vouloir chanter la Liturgie chorale du Peuple de Dieu au motif (ou sous prétexte pour certains) qu’une accusation (des plus fragiles au demeurant) a été portée contre le frère André Gouzes.
    Son œuvre demeure et demeurera, et il est toujours nécessaire de distinguer l’œuvre de son créateur, quand bien même il serait coupable (ce qui, dans le cas présent, n’a jamais été confirmé).
    Nous n’avons jamais cessé, pour notre part, de chanter ces chants qui sont beaux et nourrissants au sein de notre chorale liturgique, la Schola Saint-Martin : http://scholasaintmartin.free.fr

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