Les otages sont plus nombreux qu’on ne le dit

Ce samedi 17 mai, les journaux nous font savoir qu’une nouvelle phase de la guerre à Gaza a commencé. Avec, entre autres objectifs annoncés, la libération des otages israéliens restants : ils seraient 58, mais avec peut-être seulement une vingtaine encore en vie.

La scénographie voulue par le Hamas, disons cette mise en scène par vidéos de la vie et de la libération, et parfois de la mort des otages du 7 octobre avec la remise de leurs cercueils, est monstrueuse, et elle ne peut trouver aucune excuse. Nombreux sont les commentateurs qui font d’ailleurs remarquer que, si le Hamas avait « rendu » les otages à Israël, la situation serait probablement différente dans la bande de Gaza.

Peut-être. Mais est-il permis de dire ou d’écrire qu’il y a d’autres otages, plus nombreux encore que ceux qui sont habituellement évoqués, et dont on perçoit mal comment les libérer ? Certes, le qualificatif d’otages peut alors paraître inadéquat, voire violent, mais je ne trouve pas d’autres mots pour en parler. Il y a donc la grande majorité des Gazaouites eux-mêmes, « otages » de la guerre en cours, comme ils pouvaient l’être déjà avant elle, enfermés par les multiples restrictions israéliennes dans l’étroite bande de Gaza. Où ils sont plus de deux millions.

Mais que dire de la prise d’otages par le Hamas de son propre peuple, qu’il était censé gouverner et protéger, ce qu’il n’a jamais fait ? Les infiltrations guerrières, les incessants lancements de roquettes montrent à l’évidence que le Hamas n’a jamais eu d’autre objectif que la destruction de l’Etat d’Israël. Et pas celui d’assurer un avenir aux Gazaouites. Comment qualifier autrement ces derniers que par le terme d’otages ?

Au risque de choquer certains lecteurs, il me faut mentionner d’autres otages, en nombre eux aussi à mon avis, à savoir une grande partie des Israéliens. Les colonies de peuplement ne sont pas l’œuvre de tout un peuple, mais celle d’une frange radicale, forte de convictions religieuses appuyées sur une lecture fondamentaliste de la Bible, et surtout soutenue par des gouvernements successifs. Leurs objectifs ne me semblent plus avoir quoi que ce soit en commun avec ceux des pères fondateurs de l’Etat.

Si le Hamas veut très clairement éradiquer le peuple d’Israël de la région, symétriquement ces colons, et le gouvernement actuel d’Israël après d’autres mais de manière aujourd’hui avouée, veulent éradiquer le peuple de Gaza bien au-delà du Hamas ! Deux peuples souffrent donc, côte à côte, depuis des décennies.

Pour avoir vécu en deux temps six ans en tout à Jérusalem, la deuxième fois il y a une quinzaine d’années, pour avoir participé à des rencontres dans lesquelles des gens bien intentionnés ne cessaient de s’interroger sur les moyens d’établir une paix durable dans la région sans en trouver le chemin, je vis la guerre actuelle comme une tragédie aux dépens de deux populations, un nœud gordien dont nul ne sait encore malheureusement comment le dénouer.

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