Gaspard, figure christique ?

Pour l’anniversaire de l’ascension au ciel de Gaspard le 1er/2 février 2017

À l’occasion de mon séjour parisien, une amie devant qui j’évoquais la fécondité du petit Gaspard Clermont et m’interrogeais une fois de plus sur ses raisons, me dit : « c’est une figure christique » ! Je ne m’attendais aucunement à une telle remarque, qui m’a d’autant plus étonné que cette amie était de confession juive. Mais au fond, n’avait-elle pas touché au cœur du mystère ?

Dans le livre si émouvant et si juste qu’ils consacrent à leur fils disparu depuis bientôt un an (1), Marie-Axelle et Benoît évoquent à plusieurs reprises la fécondité de la courte vie de Gaspard. Mais ils en font le constat au travers de la multitude et de la diversité des témoignages reçus plus qu’ils n’en cherchent l’origine. En outre, voulant éviter de faire obstacle à des lecteurs potentiels éloignés de toute tradition religieuse, ils ont réservé l’évocation de leur foi chrétienne et de sa place à un sobre et très beau chapitre final : de dimension christique, il n’est donc pas question.

J’ai eu la chance de rencontrer Gaspard, de croiser son incroyable regard : comme ses parents le rapportent dans le livre, comme d’autres l’ont noté sur la page Facebook par le biais des photos, ce regard était à nul autre pareil. Pour  en rendre compte, je n’ai trouvé pour ma part d’autre formule que celle que j’ai empruntée à l’auteur de la lettre aux Hébreux : « comme s’il voyait l’invisible » (He 11,27). Quand on sait combien les évangélistes insistent à plusieurs reprises sur la force du regard de Jésus (Mt 19,26 ; Mc 10,21 ; 12,41s ; Lc 6,10 ; 22,61 etc.), un regard qui s’est ensuite communiqué aux disciples après la Pentecôte (Ac 3,4-5), on commence à comprendre que la « dimension christique » de la vie de Gaspard pourrait bien avoir quelque fondement.

Mais ce regard, pour important qu’il soit, n’est sans doute pas l’essentiel que je trouve plutôt dans la dimension de faiblesse que Gaspard à incarnée, au sens le plus fort de ce mot. J’en ai témoigné dans ma prédication de Noël 2016, juste après l’avoir rencontré chez lui : accueillant chaque jour des gens venus de tous horizons, comme des rois mages, pour déposer leurs présents auprès de ses parents, Gaspard n’était autre que l’enfant de la crèche.

Et il était en même temps l’enfant de la Croix. Totalement dépendant, souffrant sans pouvoir exprimer autrement sa vive douleur, nous dit sa maman dans son livre, que par des froncements de sourcils, entré dans un silence croissant au fil de sa montée vers sa Pâque, il ne pouvait bien sûr aucunement répondre à ceux qui auraient voulu l’interroger (Mt 27,12-14) : sinon par son regard.

Ce fut sa vie, et elle a duré un peu plus de trois ans, s’achevant, comme un nouveau signe, au moment même des premières Vêpres de la fête de la Présentation : les chrétiens se souviennent à cette occasion que les parents de Jésus sont montés au temple pour offrir leur enfant à Dieu…

Oui vraiment, qui pourra nier la dimension christique du saint enfant de Rueil ?

(1) Marie-Axelle et Benoît Clermont, Gaspard entre terre et ciel, Éditions du Cerf, Paris, 2018.

Une réponse à “Gaspard, figure christique ?”

  1. Merci de votre témoignage Frère Hervé, Merci de nous avoir fait connaître Gaspard Le Soldat de l’Amour… le film est bouleversant de sincérité, d’amour et de cette présence de Dieu qui donne « la force de soulever des montagnes » à sa merveilleuse maman qui se laisse habiter par cette présence qui lui transmet cette lumière et cette force qu’elle transmet à son tour à tout son entourage et, qui semble-t-il, passe en premier par Gaspard … Merci…

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