« Je veux », une manière de parler à Dieu… (Jc 4,1-10 ; Mc 9,30-37)

Mes sœurs (1), osons-nous dire « je veux » en nous adressant à Dieu dans nos prières ? J’en doute un peu alors qu’il me semble que Dieu ne saurait se choquer de nos « je veux », au moins sous certaines conditions. Comprenons-le à partir de nos deux lectures de ce jour.

Elles nous interrogent sur un point précis : que voulons-nous au plus profond de nous-mêmes ? Le savons-nous seulement ? Si nous hésitons dans notre réponse, nous pouvons comprendre pourquoi notre vie court d’un bord à un autre, esquif sans voile et sans gouvernail. Dans la lecture de la lettre de Jacques, il me semble que c’est un peu ce que reprochait déjà l’apôtre à ses bien-aimés, être la proie de désirs qui mènent le combat en chacun… Dans l’évangile de Marc, il me semble clair que le reproche de Jésus à ses disciples tient aussi dans l’expression d’un désir futile, savoir qui était le plus grand.

Mais alors, pourquoi faire intervenir un enfant, que nous apprend-il dans la question que j’évoque ? N’est-il pas lui aussi la proie de désirs multiples et changeants ? Oui, pourquoi proposer un enfant comme modèle ? On a donné plusieurs réponses à cette question, par exemple le fait que l’enfant soit partie négligeable dans les familles de l’époque et donc modèle d’humilité. Pour ma part, compte tenu de ce que viens de vous dire sur la versatilité, je note que quand en enfant dit « je veux » au sujet de quelque chose qui lui paraît important, il est difficile pour les parents de le détourner de son désir, avant que l’enfant ne passe à autre chose très vite ensuite : tenez, regarder cette superbe vidéo (2) de Guillaume, un brin chenapan, disant à sa manière « je veux ».

Oui, l’enfant sait dire « je veux » et aller au bout de son désir. Lorsque nous nous tournons vers notre Père des cieux, nous pourrions bien dire nous aussi un « je veux », pourvu qu’il vise les biens éternels. Tenez, pourriez-vous me dire combien de fois la petite Thérèse, que j’aime beaucoup, dit « je veux » dans ses écrits ? Un « je veux » adressé à Jésus ou à Dieu ? Je n’ai pas la réponse complète, j’ai juste commencé à faire un petit sondage dans l’Histoire d’une âme, et je peux dire que je n’ai pas été déçu : il était peut-être là aussi l’esprit d’enfance de Thérèse.

Mais plus important encore, il me semble que ses « je veux » n’ont pas choqué Dieu qui a fini par lui donner ce qu’elle demandait. Alors, chiche ?

 

(1) Homélie prononcée le 22/05/2018 chez les Carmélites de Montpellier

(2) Guillaume, devenu pour moi et beaucoup d’autres une vraie mascotte tant il est beau, charmeur et fort intelligent, est un magnifique petit Genevois d’un peu plus de deux ans, porteur de trisomie : j’ai fait plusieurs fois référence à lui sur mon blog, en particulier sur cette remarquable réflexion écrite par sa maman, avant la naissance et une année après. L’adresse de la page FB où l’on trouve des notations, photos et vidéos relatives à Guillaume est celle de sa maman, Alexandra.

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