Gaspard, sur la terre comme au ciel

Ce prochain jeudi 30 août, je me rendrai une fois encore au cimetière de Rueil pour y retrouver Gaspard Clermont à l’occasion de son cinquième anniversaire. Je n’irai pas à la rencontre d’un mort, mais d’un vivant, présent par-delà une grande et belle dalle blanche sur laquelle ses parents, Marie-Axelle et Benoît, ont fait inscrire la célèbre promesse de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus : « Je passerai mon ciel à faire du bien sûr la terre ». Exactement ce que fait Gaspard, depuis son entrée au Temple, aux premières vêpres de la Présentation, ce 1er février 2017.

Gaspard n’est certes que l’un des nombreux enfants touchés par une maladie lysosomale et emportés par elle et je sais que certains se demandent pourquoi s’attacher à lui plus qu’à tous les autres ? Ne serait-ce pas le seul fait de l’action de ses parents plus que des « mérites propres » de l’enfant ? Pour ma part, je n’ai jamais vu cela en termes de concurrence, mais d’inclusion : à mes yeux, Gaspard « représente » tous ces enfants, et l’audience incroyable qu’il a acquise par la médiatisation de la page Facebook tenue par ses parents les sert tous.

Cette page a fait le renom de Gaspard, tant par les très beaux textes écrits par Marie-Axelle et Benoît que par les photos publiées. Mais j’ai toujours vu dans cette page beaucoup plus que de la beauté ou l’expression d’un talent littéraire : l’occasion pour notre Dieu de nous parler. S’il lui arrive en effet de s’adresser directement à nous, comme j’en ai fait personnellement l’expérience et l’ai rapporté sur ce blog dans le récit de mon appel, il recourt habituellement à des porte-paroles, autrement dit des « prophètes » chargés de nous éveiller ou de nous réveiller : j’ai souvent entendu mon Dieu me parler là, sur la page de Gaspard. Comme il le fait aussi sur bien d’autres pages : il sait faire feu de tous bois, ou plutôt de toutes pages.

Mais il a fait feu aussi et surtout de Gaspard lui-même, et il continue de le faire, ce qui explique que j’aime aller à sa rencontre comme je l’ai déjà fait par deux fois au cimetière, ou lorsqu’il était encore humainement avec nous sur notre terre. Il peut paraître étonnant d’évoquer le feu, et d’une certaine manière la force, d’un enfant aussi faible que le fut, ou plutôt l’était devenu Gaspard : il n’a jamais parlé, rien de plus qu’un petit et touchant gazouillis que l’on entend à quelques reprises dans le film « Gaspard, soldat de l’amour » qui lui est consacré (1)…

Non, il me faut corriger : Gaspard parlait, mais à sa manière, indirecte. Par ses yeux bleus, couleur de ciel, qui ont marqué tant de gens, dont je suis ; par son incroyable résistance face à la mort approchant, que ses parents ont justement interprétée en termes d’attentes sacramentelles ; par plusieurs autres signes encore que Marie-Axelle évoque dans le film sus-mentionné. Et au-delà de tout cela, par sa faiblesse dont Dieu s’est abondamment servi pour toucher des milliers de cœurs : sans doute lui rappelait-elle la faiblesse de son propre fils Jésus !

Jeudi prochain, Gaspard fêtera ses cinq ans : sur la terre comme au ciel. Il n’y a pas de différence, nous n’avons tous qu’une seule vie : « dans l’existence de chaque jour que nous recevons de ta grâce, la vie éternelle est déjà commencée » (Préface liturgique des dimanches, n°6).

(1) Une réalisation Steven et Sabrina Gunnell, disponible sur YouTube.

P. S.  Passage au cimetière le 30 août, suivi d’une messe domestique, en présence de parents et amis de la famille de Gaspard. Simple et émouvant.

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