« Le roi fut vivement contrarié ; mais à cause du serment et des convives, il ne voulut pas lui opposer un refus » (Mc 6,26 ; extrait de l’évangile proposé pour le 5 février)
L’histoire d’Hérodiade demandant à sa fille Salomé d’exiger qu’on lui apporte sur un plat la tête de Jean-Baptiste (Mc 6,14-29) ne montre pas seulement la haine qui nourrit le cœur d’Hérodiade, elle fait aussi écho à la peur d’Hérode qui, pour les beaux yeux d’une jeune fille et la peur de l’opinion publique, n’ose pas revenir sur son ridicule serment. Alors même, nous dit Marc, qu’il reconnaissait en Jean-Baptiste un « homme juste et saint », qu’il « aimait l’entendre et le protégeait ». Jusqu’à un certain point donc !
Hérode souffre d’une plaie qui gangrène les individus et les sociétés : la peur de la mort. Une mort qui lui ferait perdre son pouvoir, lequel constitue sa raison d’être et de vivre. Une peur qui touche en plein cœur notre société en période de pandémie. Alors chacun tente d’écarter cette peur : en condamnant Jean-Baptiste à mort pour Hérode, en multipliant les contrôles et en encourageant les rêves et illusions de ceux qui prétendent s’affranchir de cette mort pour notre société…
Quand se dressent des personnes qui n’ont pas peur de la mort, tels Jean-Baptiste ou Jésus, loin de voir en eux des exemples à suivre, les puissants et les foules qu’ils manipulent y reconnaissent des menaces.
Comprenons-le : les saints, et les martyrs eux-mêmes, craignent la mort ; à la différence des kamikazes, ils la fuient. Ils la craignent, mais il n’en ont pas peur. Ils savent en effet que si cette mort devenait inévitable, elle serait certes le dernier mot de la vie terrestre, elle leur ouvrirait définitivement la porte de la vie nouvelle donnée en Jésus. Comme je l’avais déjà indiqué dans un billet antérieur, ils nous montrent, avec bien des personnes en fin de vie, qu’il n’existe d’autre antidote à la peur bien naturelle de la mort qu’une foi surnaturelle et vive en la résurrection de Jésus.