La gratuité ou… de la difficulté d’être Dieu !

La gratuité est une modalité très recherchée en ligne (ou sur les lignes  ?). Mais comment la mettre en œuvre et l’appréhender ? On la confond souvent avec « CE » qui est offert sans contrepartie. Mais qu’est-il ce « CE » ? S’il s’agit une chose mesurable par le nombre, autrement dit en termes financiers, en termes de taille, de poids ou d’intensité, alors on ne peut en parler véritablement comme d’une réalité gratuite : si nous y réfléchissons bien, il existe des coûts de production, de mise à disposition, etc. En fait, la gratuité ne peut être mesurée car la mesure même dément la gratuité !

Je viens d’employer le mot réalité. Pour exister, il faut bien pourtant que la gratuité soit de cet ordre. Mais il ne peut s’agir que d’une réalité « immatérielle », qui se trouve au-delà de nos moyens et de nos sens. Si elle dépendait de nous, alors elle entrerait inévitablement dans le champ de la mesure qui est une caractéristique fondamentale de notre humanité. La gratuité véritable est donc un autre mot pour dire « l’être », et sa manifestation essentielle qui est l’amour.

Et l’on comprend alors que si Dieu est amour (1 Jn 4,8), s’il est « celui qui est » (Ex 3,14), autrement dit l’être par excellence qui gît au fond de tout être, alors il ne peut se dire et se vivre que comme gratuité. Il est la gratuité et il doit être reçu comme tel. Il se donne dans nos réalités humaines, sans se confondre avec elles, sans « peser » sur elles, comme peuvent le faire aussi, mutatis mutandis, l’air ou le vent dans la nature. Il est bien réel, mais ne peut être saisi ou enfermé dans une quelconque mesure : beaucoup le cherchent sans le trouver parce qu’ils veulent se saisir de Dieu, beaucoup le trouvent sans le chercher parce que Dieu s’est saisi d’eux quand ils lui en ont donné l’opportunité. Dans le renoncement à saisir, à posséder. La gratuité est le propre de l’amour, c’est aussi toute la force et la faiblesse de Dieu.

Comme celles de Jésus. Et je ne parle pas seulement de l’enfant de la crèche que nous allons bientôt accueillir et fêter, mais aussi du héraut de la Bonne Nouvelle : alors que tout le monde autour de lui compte sur sa capacité à instaurer un royaume terrestre, et donc sur sa force, Jésus n’offre que sa faiblesse, celle de l’amour débordant, sans mesure (Lc 6,38). Qui va jusqu’à gagner sa vie en la perdant (Mc 8,35). Difficile mise en œuvre de la réalité immatérielle et pourtant incontestable de la gratuité du véritable amour.

P. S. Sur ce sujet de la gratuité, qui me taraude depuis plus de 40 ans, je renvoie à une étude plus détaillée que j’ai publiée chez Books on Demand, « La gratuité n’a pas de prix« .

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