11 février 2023, journée mondiale des malades, prédication sur Mc 8,1-10
Frères et sœurs, vous savez tous je pense ce qu’est un « repas tiré du sac » comme on dit aujourd’hui : chacun apporte ce qu’il a préparé et le verse au pot commun pour un partage. Et vous avez tous aussi sans doute constaté qu’il y a toujours des restes. Je me demande si la multiplication des pains n’a pas à voir avec cela.
Je sais, vous me direz qu’il n’y avait au départ que sept pains, mais vous connaissez la valeur toute symbolique de ce chiffre qui ne veut pas dire « peu », mais au contraire « un bon nombre ». De même à nouveau que le chiffre 7 qui dénombre les corbeilles accueillant les restes. Tout cela marque la valeur symbolique de ce repas.
Et du coup, je me demande si l’évangile veut vraiment insister sur la multiplication matérielle du pain comme des poissons, et non pas plutôt sur l’importance du partage, acceptation de la diversité et créateur d’unité.
Ne serait-ce pas cela que Jésus bénit ? Certains soulignent aujourd’hui que la terre, qui compterait déjà 8 milliards d’êtres humains, n’est pas en capacité d’en nourrir beaucoup plus, et ils plaident pour un strict contrôle des naissances. Pour ma part, et dans la ligne de notre évangile, je crois plutôt qu’il faut plaider pour un partage réel des ressources. N’était-ce pas déjà ce que demandait saint Paul à la communauté de Corinthe ? Voici ses mots : « Dès qu’on est à table en effet, chacun prend d’abord son propre repas, et l’un a faim, tandis que l’autre est ivre » (1 Co 11,21). C’était donc déjà une question de partage du pain qui ne se faisait pas vraiment et la célébration eucharistique en perdait tout son sens et tous ses bienfaits.
Puissions-nous ne pas encourir un tel reproche, partager notre pain, et bien plus que le pain !