Quand j’ai quitté une nouvelle fois Jérusalem, en 2012, après quatre années passées à l’Ecole biblique dont trois comme directeur, je savais que s’achevait mon dernier séjour. Mais pas mon intérêt pour cette ville et ce pays déchiré. Par la guerre si souvent. Dès lors, comment ne pas être bouleversé par la très violente reprise des hostilités hier 7 octobre, jour du retour sur Montpellier avec la fin du pèlerinage du Rosaire à Lourdes ?
Je ne suis pas un spécialiste de la géopolitique, ni de la politique tout court, et moins encore au Moyen-Orient. Ma modeste expérience me suggère juste que l’on aurait tort de parler d’une « nouvelle » guère, aussi violente qu’elle soit par son ampleur, mais plutôt d’une reprise : la guerre a toujours été présente, souvent d’une manière larvée. Ce fut le cas au cours des années évoquées plus haut : la violence a toujours été là. Au risque de heurter telle ou telle sensibilité, j’ai estimé et estime encore que cette violence se trouve des deux côtés, aussi bien israélien que palestinien. Même si, aujourd’hui, elle s’exprime de manière monstrueuse, inacceptable et insupportable, dans le terrorisme du Hamas.
Je ne vais pas rentrer dans le détail et distribuer les bons et les mauvais points, ce serait d’ailleurs très prétentieux. Mon petit point de vue est juste qu’il s’agit une fois de plus, comme dans une majorité de conflits, d’une « guerre par procuration » (le pape François parle de « guerres par morceaux ») : entre des idéologies, entre des puissances… Autrement dit, et peut-être suis-je très naïf, j’ai toujours eu le sentiment que les populations locales y sont dans leur ensemble entraînées plus qu’elles n’y participent.
Que va-t-il sortir d’une telle guerre ? Rien de bon, répondra-t-on. Je serais volontiers plus précis : plus de haine, plus de rigidité d’un côté comme de l’autre, plus d’esprit de revanche (le premier ministre israélien vient déjà de s’exprimer sur ce point). La paix est loin, de plus en plus improbable, et la guerre est là, pour longtemps, peut-être hélas ! sans fin.