L’appellation « Rois Mages » est devenue si courante que la question paraît sans objet. L’imagerie traditionnelle souvent les couronne. Et pourtant, l’évangile de Matthieu (2,1-12) ne les présente pas comme des rois, mais comme des Mages : comprenons des astrologues (cf. v. 2 : « nous avons vu son astre« ), très informés sur les choses du ciel comme on l’était déjà à l’époque.
Comment sont-ils donc devenus des « Rois » ? Il est très probable que l’on a reporté sur eux des prophéties. Par exemple, ce passage du livre d’Isaïe qu’on lit aussi le jour de l’Epiphanie : « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore« , ou bien ce verset tiré du psaume 71, lu lui aussi ce même jour : « Les rois de Tarsis et des Îles apporteront des présents. Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande. Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront« . Faut-il s’étonner de ces rapprochements/transferts ? Il est clair que les Mages en question font partie d’une certaine élite orientale, et entre autres choses, leur accès facile au roi Hérode est là pour l’établir. Mais cela n’en fait pas des rois.
D’ailleurs, si l’on pose la bonne question de savoir à qui étaient destinés leurs présents, vraiment royaux eux, alors le vrai Roi n’est autre que Jésus. Telle est la pointe trop négligée de cet évangile. C’est devant Jésus d’ailleurs que les Mages se prosternent ! Et, à travers eux, toutes les nations, autrement dit les païens, qu’ils représentent.