In memoriam : souvenirs de noviciat

Il est d’usage, vers la fin de l’année civile, de faire mémoire de ceux qui nous ont quittés au cours de l’année. De mon côté, si l’année 2023 est restée « blanche », il n’en fut pas de même en 2022. Et cela concernait des frères de noviciat. Je me suis déjà exprimé sur ce blog à propos des deux premiers que je vais évoquer, mais je vais en mentionner un autre qui sera un peu le représentant de toute la tribu : avec des entrées tous les trois mois, de frères venant de France, mais aussi d’Irak, de Norvège ou du Portugal, nous étions plus d’une dizaine. Puis je vais remonter beaucoup plus haut jusqu’à celui qui fut notre « père maître », le frère Jean-René Bouchet.
Voilà donc quatre frères dominicains auxquels je dois beaucoup.

Année 2022

La discrétion mêmeNicolas-Jean Séd

En l’année 2022, sont remontés vers le Père le frère Denis Foucher le 1er janvier, et le frère Nicolas-Jean Séd le 7 octobre.

Deux départs très marquants pour moi dans la mesure où nous sommes arrivés presque ensemble à Toulouse fin décembre1974. Nous avons donc « pris l’habit » ensemble, vécu le noviciat ensemble, fait profession simple ensemble, été ordonnés ensemble. 
Si Denis mena une vie apostolique intense mais relativement discrète, en particulier pendant les années passées seul à Madagascar, Nicolas-Jean, par son activité d’éditeur, se retrouva souvent sous les feux de la rampe. A chacun son talent. 

Jean Lafond

Avec Jean Lafond, décédé le 29 août à 81 ans, je voyais disparaître un ancien, né 9 ans avant moi (contre seulement 5 pour le frère Denis Foucher), mais avec qui j’avais fait plusieurs mois de noviciat. 
J’aime le message de Jean transmis sur la fin de sa vie : 
 » Jeune, riche, ingénieur, j’avais une voiture, un appart, puis j’ai tout donné… pour vivre la pauvreté évangélique, mais il m’a fallu moins de dix ans pour reprendre tout ce que j’avais généreusement donné par amour du Seigneur. À nouveau, j’avais une voiture, je recommençais à apprécier les loisirs, le confort… mon apostolat sur des lieux à la mer, ou à la montagne. »
La maladie, la vieillesse lui ont offert l’opportunité de revivre, comme il disait, cet  « anéantissement du départ » : « Ce que je croyais ma force — mon assurance et les fruits de mes réussites apostoliques — était une grande faiblesse.
Je découvre aujourd’hui, au soir de ma vie, que ma force véritable, c’est la faiblesse du Seigneur dans sa passion, sa mort et l’espérance de la résurrection. Ma seule force, maintenant, c’est la faiblesse de Dieu dont il m’a fait don : son expérience d’homme, sa Parole, le don de sa vie. » Frère Jean nous transmet ce dernier message : « Je voudrais vraiment vous dire qu’il ne faut pas attendre d’être vieux pour passer à l’essentiel. Il faut vivre… aimer et se laisser émouvoir par ceux qui en témoignent. »

Années 1936 – 1987
Jean-René Bouchet

En publiant les éditoriaux et homélies du frère Jean-René Bouchet sous le titre « A mes frères dominicains« , les éditions du Cerf présentent ainsi l’auteur : 
« Le dominicain Jean-René Bouchet (1936-1987) a fortement marqué plusieurs générations de chrétiens par sa personnalité chaleureuse et sa profonde compréhension de la tradition des différentes Églises chrétiennes. Patrologue et grand connaisseur de l’histoire de l’ordre dominicain, il a été maître des novices à Toulouse, prieur au couvent de Strasbourg, puis prieur provincial de la Province de France des Dominicains. Il a également été rédacteur en chef de « La Vie spirituelle » de 1978 à 1987. Par sa prédication si spécifique, par son enseignement, ses écrits et ses responsabilités, il a contribué au renouveau des vocations dominicaines au tournant des années 1970 et 1980.« 
L’ayant eu comme maître des novices, puis retrouvé plus tard lorsqu’il fut prieur de Strasbourg, je ne peux que confirmer en tout point ce portrait.

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